Ecrivain du silence, du mal-être et des rencontres impossibles, le Norvégien Jon Fosse est un auteur difficile. Et d'autant plus redoutable que de tout grands, dont Claude Régy, Patrice Chéreau ou Thomas Ostermeier, ont fort bien porté à la scène l'énergie souvent sombre de ses textes répétitifs et laconiques. En choisissant de monter Je suis le vent, une pièce récente qui évoque le voyage en mer de deux hommes (Jean-François Michelet et Matteo Zimmermann) partageant leurs interrogations et leurs angoisses, le Chaux-de-Fonnier Guillaume Béguin s'attaquait à forte partie. Il le fait sans prendre de vrais risques, se cantonnant aux clichés liés à ce type de théâtre: une scène vide animée par quelques projections, une diction monocorde et saccadée qui se veut neutre, mais parfois frise le pathos, une gestuelle le plus souvent abstraite et réduite à l'extrême. Les images de la mer de fumée, qui par moments enveloppe, voire avale les protagonistes, sont somptueuses, mais le reste manque de souffle.
"Je suis le vent" de Jon Fosse. Mise en scène Guillaume Béguin – Cie de nuit comme de jour. Lausanne. Arsenic. Jusqu'au 19 janvier. Genève. Théâtre du Loup. Du 23 janvier au 2 février.