« L’Arbre de Judas » de Michalis Makropoulos – né à Athènes en 1965 – est un petit roman à la fois simple, complexe et profond. Rédigé dans un style sobre, dense, presque hypnotique, il épouse la dérive d’Ilias, un homme qui a tout perdu, son travail, sa femme, le goût de vivre et de se battre. A 53 ans, fin novembre, notre « héros » décide de quitter la capitale et sa famille – il a deux filles – pour retourner vivre auprès de sa mère, dans son village natal de Delvinaki, sur les hauteurs de l’Epire, à la frontière entre la Grèce et l’Albanie. Là, il ne fait rien, ou pas grand-chose. Il fréquente les cafés, retrouve un ami d’autrefois, fume, marche beaucoup, réfléchit. Et brusquement, presque à son insu, il renoue avec une dignité qu’il croyait perdue.
Cette exigence, cette intransigeance même ressurgissent quand une jeune femme est assassinée, près du village. Albanaise, Adela Meidani faisait, semble-t-il, le commerce de ses charmes. Elle avait 21 ans. Elle a été retrouvée dans la neige, « déchiquetée ». La police découvre rapidement un potentiel assassin, un bouc émissaire bien commode. Ilias, lui, pense avoir vu les vrais coupables. Il n’a dès lors plus qu’une obsession: les démasquer pour rendre justice à la jeune morte et lui permettre de trouver la paix.
Bien qu’il tourne autour d’un crime et de sa résolution, « L’Arbre de Judas » n’est pas un roman noir. Il tient davantage du conte, de la parabole. Une histoire triste mais pas désespérée, le récit d’une possible réconciliation avec soi-même. « Le passé était une peau morte qui bouchait ses pores. Dans la solitude enneigée de la montagne, il s’arrachait cette peau morte. Les pores s’ouvraient et l’osmose se produisait. Rien, désormais, n’était plus discordant. »
« L’Arbre de Judas ». De Michalis Makropoulos. Traduit du grec par Clara Nizzoli. Agullo, Agullo court, 132 p.