Trop cruels, trop violents à mon goût, et pas très bien écrits. Jusqu’ici je n’avais pas adhéré aux polars de Piergiorgio Pulixi, pourtant très largement plébiscités par les lecteurs francophones. Avec « Stella », le petit dernier paru en avril dernier, mes réticences ont fondu!  Je me suis plongée sans réserve dans l’univers dynamique et coloré de l’écrivain italien. D’emblée, j’ai été convaincue et séduite par son trio d’enquêtrices intrépides, Mara Rais, Eva Croce et Clara Pontecorvo. Trois fortes personnalités féminines épaulées par le ténébreux, séduisant et tourmenté criminologue Vito Strega, un métis à la stature impressionnante débarqué tout exprès de Milan.

S’il ne dédaigne pas la série, Piergiorgio Pulixi n’est pas homme à se répéter. Il aime les variations, aussi bien thématiques que formelles. D’une facture assez classique, ce nouveau polar se déroule presque entièrement à Cagliari – où l’écrivain est né en 1982.  La figure centrale du récit, Maristella Coga, dite Stella, 17 ans, est une jeune fille à la beauté insolente et solaire, dotée d’une intelligence aiguisée et têtue. Pour son malheur, elle est née dans une famille disfonctionnelle du quartier populaire et défavorisé de Sant’Elia. Le lecteur n’aura donc pas la chance de la croiser vivante. Son corps au visage affreusement mutilé vient d’être retrouvé « recroquevillé sur les galets d’un lambeau de plage entre le village de pêcheurs et le port industriel de Giorgino: un pan de littoral dénaturé par les gaz d’échappement et les rejets huileux des bateaux de la zone portuaire ».

Voilà pour le décor. Passons aux suspects. Père prétendument incestueux, mère alcoolique et maladivement jalouse, prêtre véreux, petit ami à la tête du trafic de stupéfiants dans le quartier, voire dans la ville, ils sont si nombreux que l’enquête piétine. Emaillant son texte d’expressions et de jurons en sarde – un peu trop systématiquement peut-être – l’auteur en profite pour nous raconter Cagliari, et plus spécifiquement Sant’Elia, un ancien lazaret devenu, après la Seconde Guerre mondiale, le refuge des habitants des quartiers rasés par les bombes. Et le roman se termine comme il se doit par un coup de théâtre! Quant à l’identité de la mystérieuse femme qui, à Milan, traque le criminologue Strega jusque dans son intimité la plus secrète, elle restera à jamais une énigme. A moins que… A moins qu’un prochain roman ne nous en révèle davantage. Avec Piergiorgio Pulixi, toutes les surprises sont possibles.

 

« Stella ». De Piergiorgio Pulixi. Traduit de l’italien par Anatole Pons-Reumaux. Gallmeister, 576 p.

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Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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Photo: Lara Schütz

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