Ramón Díaz-Eterovic n’a pas son pareil pour évoquer la réalité chilienne, les scories nauséabondes de son histoire récente et la misère flamboyante de sa capitale Santiago. Au fil de ses livres, cet auteur a su faire exister avec originalité et talent le personnage généreux et ambigu de Heredia, le privé toujours désargenté partageant son logis, et parfois son repas, avec son chat Simenon, complice malicieux aussi loquace que raisonneur n’hésitant pas à citer les poètes.
Heredia et Simenon se retrouvent, quelque peu vieillissants, dans Le deuxième vœu, le nouveau polar de Ramón Díaz-Eterovic. Un roman qui, à vrai dire commence assez mal pour notre détective. Englué dans un terrible cauchemar, il se voit en train de mourir, « seul, définitivement vieux, tout au bout du rouleau ». Rêve prémonitoire? Après avoir toute sa vie cherché à résoudre les énigmes des autres, Heredia se retrouve soudain confronté au mystère de ses propres origines, lui qui a perdu sa mère tout jeune et qui n’a jamais connu son père. Ce dernier est-il toujours vivant, quel est son nom, pourquoi a-t-il abandonné la femme qu’apparemment il aimait avant la naissance de l’enfant? Telles sont les questions auxquelles Heredia se sent désormais obligé de répondre après avoir reçu, de la part d’une amie de sa mère, deux mouchoirs brodés, une petite lettre et trois photographies. Parallèlement, à titre professionnel cette fois-ci, il part sur les traces du père d’un client, lui aussi très âgé et qui semble s’être littéralement volatisé. Une mission difficile qui, de maisons de retraite en cimetière, va l’amener à découvrir un sordide business. Mais que ses fans se rassurent, Heredia s’en sortira et, surprise, il va renouer avec Griseta, le grand amour de sa vie.
« Le deuxième vœu ». De Ramón Díaz-Eterovic. Traduit de l’espagnol par Bernardo Toro. Editions Métailié, 251 p.