Rien de tel qu’un polar de Deon Meyer pour s’inviter au cœur de l’Afrique du Sud contemporaine, prendre le pouls de ses espoirs et de ses déceptions. Sur ce plan, et bien d’autres, son dernier roman policier, « Kobra », est une réussite. On y retrouve la prestigieuse brigade des Hawks et l’attachant capitaine Benny Griessel, toujours aussi efficace que tourmenté. Sobre depuis « quatre cent vingt-deux jours », mais régulièrement tenaillé par le besoin de boire, il vit depuis peu avec Alexa, chanteuse et ex-alcoolique elle aussi. Autant dire que cette nouvelle vie à deux n’est pas forcément simple, d’autant que notre policier manque de cruellement d’estime de soi.
L’histoire? Sanglante, car le tueur est implacable. Pour s’emparer d’un mathématicien anglais qui détient un dérangeant secret concernant le blanchiment d’argent sale, il n’hésite pas à exécuter ses gardes du corps, puis tous ceux qui se trouvent sur son chemin. Aussi professionnel que discret, cet assassin laisse derrière lui un mystérieux indice qui laisse perplexes les enquêteurs: des douilles gravées d’une tête de cobra.
Et les choses se compliquent encore quand un malheureux pickpocket s’empare du portefeuille contenant la carte mémoire qui devaient servir de rançon. Tyrone Kleinbooi – c’est son nom – parvient miraculeusement à leur échapper. Mais pour combien de temps? De course poursuite en guet-apens, Deon Meyer profite de ce personnage intelligent et rusé pour nous faire découvrir le Cap, son Waterfront, ses gares et ses trains. Tyrone, en effet, est un grand connaisseur du réseau ferroviaire. Un bon endroit pour faire les poches des voyageurs, et pour piéger le mystérieux Kobra.
« Kobra ». De Deon Meyer. Traduit de l’anglais par Estelle Roudet. Seuil, 439 p.
