Polars, Polis et Cie | Le blog de Mireille Descombes

Voilà un polar qui porte bien son titre et va droit au but. « Mort à l’université » de Jean-Yves Le Naour tourne en effet tout entier autour du monde universitaire, de ses personnages hauts en couleurs, de ses guéguerres, ses mesquineries et ses magouilles. Il démarre sur le campus de l’Université du Mirail de Toulouse – rebaptisée Jean-Jaurès mais que tout le monde continue à appeler ainsi – et s’inscrit dans le microcosme très particulier des historiens de la Première Guerre Mondiale, une spécialisation qui est aussi celle de l’auteur. Autant dire qu’il s’aventure en terrain familier, n’hésitant pas à lancer à l’égard des doctes professeurs quelques piques à l’humour résolument caustique, transformant l’habituel adage en « qui connaît bien, châtie bien ».

Mais revenons à Toulouse, maîtresse femme de ce polar aguicheur et bien tourné.  Toulouse donc, avec ses quartiers qui se « boboïsent » à la vitesse grand V, avec le nom de ses stations de métro annoncées en français… et en occitan, avec ses joggeurs qui parcourent à souples foulées le chemin de halage longeant le canal du Midi. François Godefroy, enseignant à l’Université du Mirail, était l’un d’eux. Le soir du 12 juin 2019, toutefois, il n’est pas rentré. Sa jeune femme, enceinte, s’inquiète et alerte la police. La suite lui donnera raison.

C’est au capitaine Pascale Tarate – doublement mobbé par sa hiérarchie et ses collègues pour avoir été trop intègre – qu’échoit alors la délicate tâche de le retrouver. Grâce au portable de l’intéressé, ce sera vite fait. Le corps gît sans vie à l’entrée d’un conduit d’évacuation, le long du canal. Il a été tué d’une balle dans la nuque, une balle de pistolet automatique Star, « un modèle 1914, celui qui équipait les officiers français dans les tranchées de la Première Guerre mondiale ».

Carriériste affiché et courtisan sans vergogne, François Godefroy venait d’être nommé au poste convoité de maître de conférences. Rapidement, les soupçons se portent donc sur le rival évincé, un certain André Limon. Grâce à un solide alibi, ce dernier est toutefois vite innocenté. Avant d’être à son tour assassiné, avec la même arme. Pour sortir de l’impasse dans laquelle il est acculé pour le plus grand plaisir de ses collègues et ennemis, le capitaine Tarate entame la tournée des universités – Limoges, La Sorbonne et Poitiers – où enseignent les autres spécialistes français de la Première Guerre Mondiale. Il comprend peu à peu que les deux victimes défendaient des thèses diamétralement opposées et que leur rivalité est monnaie courante dans le milieu. Jusqu’à ce que la vérité lui saute aux yeux. Et elle n’est pas belle à voir !

 

« Mort à l’université ». De Jean-Yves Le Naour. Calmann-Lévy, 208 p.

Mireille Descombes

Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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Photo: Lara Schütz

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