Deux polars de Davide Longo d’un coup ! Voilà un cadeau que l’on apprécie sans réserve. Peu après la sortie de « L’affaire Bramard » – ouvrage distingué par le Prix « Le Point » du polar européen 2024 – les Editions du Masque publient « Les Jeunes Fauves ». Le premier nous emmenait sur les traces d’un tueur en série aussi cruel qu’insaisissable. Le deuxième s’ouvre à la fin de l’été 2008 avec la découverte, dans un chantier à Chivasso, près de Turin, des ossements d’une dizaine d’hommes et de femmes.
Une fosse commune ? Une équipe de Milan spécialisée dans les crimes liés à la Seconde Guerre mondiale s’empare aussitôt de l’affaire. Le commissaire Vincenzo Arcadipane pressent toutefois que ces restes humains sont moins anciens. Et de sérieux indices d’ailleurs le confirment. Le policier turinois, qui traverse une mauvaise crise de la cinquantaine, fait alors appel à Corso Bramard, son ancien collègue devenu enseignant après avoir perdu sa femme et sa fille, assassinées par l’homme qu’il pourchassait. A l’époque où il était le plus jeune policier d’Italie, Bramard avait enquêté sur une équipe de militants de gauche liés à la mouvance terroriste. Une dizaine de jeunes gens qui avaient brusquement disparu après avoir été démasqués. A l’évidence, les fameuses années de plomb italiennes conservent encore bien des secrets.
Dans la série de Davide Longo, Corso Bramard et Vincenzo Arcadipane forment un tandem atypique et attachant. Quelles sont les richesses et les blessures de chacun ? Nous vous le laissons découvrir. De toute manière, chez cet écrivain né en 1971 près de Turin, où il vit aujourd’hui, les choses bougent et les tics de l’un des policiers, comme manger compulsivement des bonbons à la réglisse, peuvent passer à l’autre. Tout en cultivant les belles formules et les phrases chocs, Davide Longo préfère à l’évidence les zigzags aux lignes droites. Chez lui, pas de didactisme infantilisant, pas de résumé ou de flash-back opportunément glissés dans le récit, pas de repère temporel inscrit en tête de chapitre. Bref pas de points sur les i ! Et tant pis si le lecteur s’y perd par moment ! A lui de reparcourir le texte à l’envers pour découvrir les indices, parfois un ou deux mots sibyllins, qui lui ont échappé. Et cela, bien entendu, fait partie du charme de cet écrivain aussi doué pour les descriptions que pour les intrigues.
« L’affaire Bramard ». De Davide Longo. Traduit de l’italien par Marianne Faurobert. Editions du Masque, 304 p.
« Les Jeunes Fauves ». De Davide Longo. Traduit de l’italien par Marianne Faurobert. Editions du Masque, 408 p.