Après « Que le meilleur gagne » (https://polarspolisetcie.com/un-machiavelique-compte-a-rebours/) écrit à quatre mains et paru l’an dernier, le Norvégien Jørn Lier Horst nous revient en solo, et en pleine forme. « Le dossier 1569 » se révèle même plus machiavélique que jamais dans son art de multiplier les fausses pistes et d’aligner des preuves trop parfaites pour être crédibles. Pour le reste, comme toujours sobre, précis, et riche de son expérience d’ancien inspecteur de police, l’écrivain, né en 1970 dans le sud de la Norvège, reste fidèle à la ville côtière de Larvik pour, cette fois-ci, nous convier au cœur de l’été scandinave.

Situation plutôt inédite, l’inspecteur William Wisting est en vacances. Il commence à prendre de l’âge et connaît quelques problèmes de santé. Pour se maintenir en forme, il compte donc minutieusement ses pas, s’efforce de boire de l’eau et tond consciencieusement sa pelouse. Parallèlement, il ne peut toutefois s’empêcher de se tenir discrètement informé des affaires en cours. Et les choses basculent quand il reçoit, dans sa propre boîte, une lettre anonyme. Le voilà revenu, officieusement et en franc-tireur, sur le sentier de la guerre aux affaires mal ou non résolues.

La missive contient une simple feuille pliée en quatre sur laquelle est inscrite une succession de chiffres: 12-1569/99. Qu’il s’agisse du numéro d’un dossier ne fait pas de doute pour qui connaît les protocoles en usage dans la police. Le cas en question remonte à juillet 1999 et avait été traité par un collègue. Une jeune fille, Tone Vaterland, avait été assassinée après être allée se baigner en rentrant à vélo du travail. L’ancien petit ami de la victime avait été rapidement désigné coupable. Trop rapidement? C’est en tout cas ce que suggèrent d’autres lettres anonymes qui lui parviennent et renvoient à un meurtre similaire survenu quelques années plus tard. Une enquête, cette fois-ci, placée sous la responsabilité de Wisting.

« Quand on rouvre des affaires anciennes, il se passe toujours des choses imprévues », constate l’un des personnages du roman. Une complexité que l’auteur met en scène avec talent. Entremêlant les temporalités et multipliant les points de vue, il élabore un véritable labyrinthe de pistes diaboliquement entremêlées. Parallèlement à cet enchaînement en cascade de suppositions, de vérités tronquées et de mensonges, il initie son héros aux nouvelles techniques d’investigation et l’entraîne jusqu’aux Etats-Unis pour interroger un potentiel suspect. De quoi rendre accro le lecteur le plus flegmatique. Pas de doute, Jørn Lier Horst est un tout grand du polar nordique!

 

« Le dossier 1569 ». De Jørn Lier Horst. Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier. Gallimard, Série noire, 438 p.

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Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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Photo: Lara Schütz

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