Polars, Polis et Cie | Le blog de Mireille Descombes

Dans les polars du Norvégien Jørn Lier Horst, les enquêteurs allaient jusqu’ici toujours par deux. Dès les premières pages, avec un plaisir intact, on y retrouvait la silhouette familière de l’inspecteur William Wisting, épaulé plus ou moins officiellement par sa fille Line, journaliste talentueuse et intrépide.

Or voilà que notre écrivain à son tour se dédouble. Tandis que sort en poche « La chambre du fils », l’auteur – qui fut lui-même policier dans une autre vie – cosigne son nouveau roman « Que le meilleur gagne » avec son ami Thomas Enger, lui-même journaliste d’investigation et auteur de polars. Une fois l’effet de surprise et la méfiance dissipés, on approuve le changement. Ce livre annoncé comme le premier d’une série se révèle un bon cru qui renouvelle les ouvrages précédents tout en restant fidèle à la formule du tandem.

A la paire constituée par Wisting et sa fille succède un autre duo qui se constitue durant cette première affaire. L’inspecteur en chef Alexander Blix – policier confirmé en butte à une hiérarchie pusillanime et avide de reconnaissance médiatique – enquête sur la mystérieuse disparition de Sonia Nordstrøm, une brillante coureuse de fond. C’est alors que sa route croise celle d’une jeune blogeuse, Emma Ramm, qui s’intéresse elle aussi à cette sportive.  Cette dernière vient en effet de publier sa biographie sous le titre un brin provocateur de « Numéro un pour toujours ».

Les dangers de la célébrité

L’ouvrage contient-il des révélations gênantes justifiant qu’on élimine son auteure ? A ce stade, aucune piste n’est exclue. Tandis que, morte ou vive, Sonia Nordstrøm reste introuvable, un, deux, puis trois cadavres viennent compliquer le travail de la police. Et ce n’est pas terminé. Toutes les victimes, d’une manière ou d’une autre, sont des stars. Rapidement, au mépris de la déontologie – on en découvre ensuite la raison, Blix transmet à Emma certaines informations qui lui permettent de publier ses premiers scoops de chroniqueuse criminelle. De son côté, la jeune femme se révèle particulièrement brillante dans ses déductions. Et c’est elle qui découvre le fil rouge qui, outre la célébrité, relie ces assassinats soigneusement mis en scène : un sinistre et implacable compte à rebours ! Blix, dont la fille vient d’être sélectionnée pour la finale d’une très médiatique émission de téléréalité, commence à craindre le pire…

Après avoir consacré sa série précédente aux cold cases, Jørn Lier Horst se concentre ici davantage sur le présent. Cela lui permet de resserrer le rythme du récit tout en peaufinant une intrigue particulièrement diabolique. En duo, comme autrefois en solo, iI conserve son goût pour la fragilité des êtres et les blessures enfouies. Quant à son talent pour créer des fausses pistes et semer le doute sur des personnages parfaitement innocents, il est visiblement intact.

 

«Que le meilleur gagne ». De Jørn Lier Horst et Thomas Enger. Traduction de Marie-Caroline Aubert. Gallimard, série noire, 508 p. En librairie le 4 janvier 2024.

 

 

 

 

« La chambre du fils », une enquête de William Wisting.  De Jørn Lier Horst. Traduit du norvégien par Aude Pasquier. Folio policier, 482 p. En librairie le 4 janvier 2024. 

Mireille Descombes

Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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A propos de ce blog

Scènes et mises en scène: le roman policier, l’architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d’art, d’architecture et de théâtre.

Photo: Lara Schütz

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