Pour cause d’actualité, certains livres se parent d’une certaine urgence. C’est le cas de Terminus Tel-Aviv de Liad Shoham, paru en mars dernier aux éditions Les Escales noires. Un excellent polar, mais pas seulement, à découvrir sans tarder.
Ce livre palpitant nous plonge en effet sans détour dans une réalité qui échappe aux non spécialistes déjà troublés par les rapports douloureux entre Israéliens et Palestiniens. Il évoque, avec nuance et sans manichéisme, le situation précaire des émigrés érythréens et éthiopiens arrivés clandestinement en Israël après une trajectoire souvent cauchemardesque, croisant réseaux mafieux et trafics sordides en tous genres. Une situation d’autant plus inacceptable, dit l’un des personnages du roman, dans un Etat qui « a été fondé par des réfugiés ».
Qui sont-ils ces hommes et ces femmes qui s’agglutinent à leur arrivée au square Lewinsky? On ne le sait pas trop, et l’on s’en méfie. Dans Terminus Tel-Aviv, quand Michal Poleg – qui défendait avec acharnement les droits des réfugiés – est retrouvée morte dans son appartement, c’est sur eux tout naturellement que se portent les soupçons. Pour le plus grand soulagement de Yariv Ninio, un avocat de droite peu scrupuleux avec lequel la jeune femme était en conflit au sujet de l’expulsion injustifiée d’un requérant qui s’était terminée par son assassinat.
Seule contre tous, la jeune inspectrice Anat Nahmias refuse de se plier à ces fausses évidences. Ignorant moqueries et pressions, elle va se battre et prendre des risques pour faire triompher une vérité qui surprendra tout le monde. Et le lecteur le premier.
A travers ce personnage courageux et attachant, l’auteur offre un portrait en demi-teintes d’une société israélienne divisée, où tous n’ont pas baissé les bras et où le rôle des mères reste très particulier. Toujours à l’affut d’un bon parti pour marier leurs enfants, elles sont devenues elles aussi des enquêtrices hors pair, mais souvent frustrées. Or rien n’est plus lourd à porter que « le rêve brisé de la mère juive polonaise ».
« Terminus Tel-Aviv ». De Liad Shoham. Traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche. Les Escales noires, 377 p.