Voilà une belle découverte, et une très bonne surprise. Et surtout ne vous laissez pas décourager par la quatrième de couverture! Même si « Body Language » se passe en grande partie à la morgue, le polar de A.K. Turner n’a rien de morbide. C’est un hommage à la fantaisie, à l’imagination et même, à sa manière, un hymne à la vie.
Avec ses piercings, ses tatouages et sa singularité revendiquée, la gothique Cassie Raven a plus d’un point commun avec la Lisbeth Salander de Millénium. Elevée par une adorable grand-mère polonaise, elle entretient un rapport particulier avec la mort depuis la disparition précoce de ses parents dans un accident de voiture. Après une adolescence difficile à la crête de l’addiction, elle a retrouvé le goût de vivre et la voie des études grâce à une professeur extraordinaire, Geraldine Edwards, alias Mme E., devenue par la suite une amie. Apprentie taxidermiste le soir, Cassie travaille désormais la journée à la morgue de Camden comme technicienne en anatomopathologie. Autant dire que le corps humain n’a pas de secrets pour elle.
Parler avec les morts
Une vie normale? Pas tout à fait, car Cassie parle aux défunts. Elle les traite « comme s’ils étaient toujours en vie, toujours des personnes », et il leur arrive de lui répondre. La jeune femme est même persuadée que ses « clients » peuvent lui donner des indices sur la cause de leur mort, pour autant qu’on sache les écouter. Or voilà que cet équilibre précaire bascule le jour où elle se trouve confrontée au cadavre de Mme E., son ancienne prof. Le médecin légiste conclut à une mort accidentelle par noyade, excluant ainsi une autopsie plus poussée. Cassie est persuadée qu’elle a été assassinée. Elle le prouvera, avec la complicité tout d’abord fort réticente de l’inspectrice Phyllida Flyte, une femme rigide et glaciale qui s’est elle aussi reconstruite sur la béance d’un drame intime.
Allison K. Turner est écrivaine, scénariste, productrice de documentaires pour la télévision anglaise. Sous le pseudonyme d’Anya Lipska, elle a déjà publié une trilogie mettant en scène un détective dans la communauté polonaise de Londres. « Body Language » est le premier roman d’une autre série dont le deuxième volet, « Life Sentence », vient de sortir en anglais. Est-il utile de préciser que l’on a hâte de le découvrir?
« Body Language ». De A.K. Turner. Traduit de l’anglais par Claire Breton. Alibi, 366 p.