Polars, Polis et Cie | Le blog de Mireille Descombes

Vous partez pour Gênes? N’oubliez pas d’emporter dans vos bagages « Nuages baroques » d’Antonio Paolacci et Paola Ronco. Riche et multiple, ce polar écrit à quatre mains, et dont le titre est un clin d’œil au chanteur Fabrizio De André, évoque aussi bien l’âme des différents quartiers de la ville que son histoire récente – la violente répression des manifestations anti-G8 de 2001 – ou certains défauts propres à ses habitants. Gênois d’adoption, les deux auteurs font même dire à leur personnage principal, un exilé turinois parfois nostalgique, le sous-préfet adjoint Paolo Nigra: « Pour les restaus, je peux vous donner quelques noms. Mais si vous cherchez des endroits où les clients sont bien traités, je pense que vous devriez quitter Gênes, voire toute la Ligurie. »

« Qui aime bien châtie bien », plus que jamais le proverbe semble s’appliquer ici. Antonio Paolacci et Paola Ronco sont à l’évidence tombés amoureux de cette ville accrochée entre mer et montagne et à laquelle ils consacrent de belles descriptions. Ils ont aussi faite leur la cause des homosexuels souvent stigmatisés dans une Italie restée très conservatrice. Leur personnage principal, le policier Paolo Nigra, en sait quelque chose. Contrairement à son compagnon, acteur, qui craint pour sa carrière, il a choisi de faire son coming out, au grand dam de certains de ses collègues. Il peut heureusement compter sur l’appui indéfectible de son patron, Fabio Virdis arrivé de Pérouse depuis peu, et de ses pittoresques adjoints, le très hypocondriaque inspecteur en chef Giacomo Caccialepori, et la pétillante Marta Santamaria.

C’est justement autour de la violence faite aux homosexuels que tourne cette première enquête de Nigra. Un jeune homme est retrouvé mourant par un joggeur matinal. Vêtu d’un incroyable manteau rose brillant, il semble avoir participé à la fête de soutien aux unions civiles – une loi votée en 2016 autorisant le concubinage et l’union entre homosexuels – organisée le soir précédent sur le vieux port. Cet étudiant en architecture est issu d’une riche et puissante famille. Il ne semble pas avoir eu d’ennemi. Les soupçons se portent rapidement sur trois jeunes hommes connus pour leurs propos racistes et homophobes. Ils ont des alibis en béton. Paolo Nigra et ses collèges pataugent. Ils finissent par comprendre qu’il faut se méfier des évidences et qu’un train peut toujours en cacher un autre.

 

« Nuages baroques ». D’Antonio Paolacci et Paola Ronco. Traduit de l’italien par Sophie Bajard. Rivages / Noir, 346 p.

Mireille Descombes

Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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Scènes et mises en scène: le roman policier, l’architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d’art, d’architecture et de théâtre.

Photo: Lara Schütz

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