Dans le polar, quand humour ne rime pas avec balourd, c’est déjà une prouesse. Et quand cette relative finesse se conjugue avec une imagination libre et bondissante que demander de plus sinon une certaine cohérence dans l’intrigue et des personnages évitant toute caricature. Scénariste de télévision et auteur de romans de fantasy plusieurs fois primés, après avoir été longtemps ghostwriter pour des people, des politiciens ou des écrivains connus, Gabriel Katz coche toutes les cases de cette réussite dans son amusante trilogie tournant autour de Noël et du Père Noël. Un moment de détente bien sympathique rythmé par des titres qui s’inspirent malicieusement de la très populaire chanson « Petit Papa Noël ».
Héros de ces aventures rocambolesques squattées par les pires mafieux de la planète, Benjamin Varenne est un beau gosse dont le sourire et les œillades font des ravages auprès des femmes. Enfin, pas forcément auprès de celles qu’il voudrait séduire. C’est par ailleurs un comédien – oui disons-le – raté qui vit de figuration et de petits boulots. Après avoir travaillé comme Père Noël dans un grand magasin, le voici proposant une dégustation de foie gras industriel à Monoprix puis vigile contrôlant les sacs à l’entrée de l’Opéra de Paris.
Rien de dangereux jusque-là sauf que Benjamin oublie tout, y compris son job et l’urgence de gagner sa vie, quand il s’agit de se porter au secours d’une belle en détresse. Qu’il s’agisse d’une danseuse harcelée par un mystérieux inconnu ou de la richissime concubine d’un trafiquant albanais jaloux, son geste chevaleresque se mue très vite en un cauchemar traversé par d’épiques courses-poursuites. Et quand la jeune femme bousculée par un malotrus s’avère une réalisatrice qui lui octroie le premier rôle de son film, c’est encore pire. Benjamin découvre que tout a été manipulé par son « copain » David, un agent de la DGSE lui aussi beau gosse et qui, « avec ses yeux bleus de husky et son sourire en coin », lui a déjà valu un Noël en Thaïlande et un autre à Venise, avant de l’envoyer geler en Roumanie, au cœur des Carpates, avec une mission des plus dangereuses et de plus délicates.
Alors, bien sûr, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Occis par lui, ou par d’autres, les cadavres des plus terribles gangsters jalonnent le parcours de Benjamin. Après avoir frôlé la mort, l’innocent comédien finit toutefois par toujours retrouver son job minable. En attendant le rôle de sa vie… dont il sait bien qu’il n’arrivera jamais.
« N’oublie pas mon petit soulier ». De Gabriel Katz. Editions du Masque, 310 p.
« Quand tu descendras du ciel ». De Gabriel Katz. Editions du Masque, 280 p.
« Dehors, tu vas avoir si froid ». De Gabriel Katz. Editions du Masque, 240 p. Prix du roman d’aventures 2024.