Polars, Polis et Cie | Le blog de Mireille Descombes

Le retour de Camilla Läckeberg ? Bon, j’exagère un peu ! La célébrissime Suédoise n’a jamais disparu de la scène du roman noir. En revanche, son couple d’enquêteurs charismatique a pris de longues vacances après « La Sorcière », paru en 2017. L’écrivaine Erica Falck, spécialisée dans les affaires criminelles, et son flic de mari, Patrik Hedström nous reviennent donc en pleine forme dans « Le Nid du coucou ». Un polar d’été par excellence, pas franchement génial mais diablement addictif. Il est vrai qu’on ne lit pas Camilla Läckberg pour la subtilité de son style – en tout cas pas en traduction – ou pour la singularité de son regard sur le monde. En revanche, quand il s’agit de tisser une intrigue et d’orchestrer la montée d’un suspense, elle n’a pas son pareil.

« Le Nid du coucou » commence comme une fresque mondaine autour des noces d’or de l’écrivain Henning Bauer, pressenti pour le Prix Nobel, et de sa femme Elisabeth. La famille, les amis de couple – Erica Falck et Patrik Hedström en font partie – sont réunis pour l’occasion dans un luxueux hôtel. Et comme il se doit, l’histoire principale se déroule à Fjällbacka, la ville natale de Camilla Läckberg. Quelques digressions narratives nous ont déjà laissé percevoir que tout n’est pas rose chez les Bauer tandis qu’en parallèle, le temps d’un flash-back, l’auteure nous transporte dans les 1980 pour partager le quotidien peu ordinaire d’un transgenre, Lola, et de sa fille Pytte. L’une et l’autre vont mourir dans un incendie vaguement louche et ce sont elles, on le comprend vite, qui hantent en sous-main toute l’intrigue.

L’horreur ne fait que commencer

Mais revenons au présent. Minutieusement préparé, l’anniversaire de mariage fut aussi copieusement arrosé. Avec les habituels règlements de comptes à bas bruit. Au matin, à la gueule de bois des uns et des autres s’ajoute la stupéfaction de tous : le photographe Rolf Stenklo, un vieil ami des jubilaires, est retrouvé mort, assassiné. A la surprise générale, il avait décliné l’invitation pour mieux préparer l’accrochage de sa prochaine exposition. Une exposition aux allures de règlements de comptes mais dont personne, pas même sa femme, ne connaissait le contenu. Et l’horreur ne fait que commencer. Un jour plus tard, Peter, le fils aîné des Enning, et ses deux petits garçons sont tués eux aussi. La tension est à son comble.

Comme de coutume, Erica Falck et Patrick Hedström vont enquêter chacun de leur côté. Camilla Läckberg en profite pour multiplier les pistes, ne distillant les révélations qu’au compte-goutte. Telle une araignée, elle emprisonne le lecteur dans la trame de son histoire et le lâche plus jusqu’à l’estocade finale. Consentant, parfois un peu frustré, ce dernier accepte d’être mené en bateau car il y trouve son compte. La machinerie Läckberg une fois encore fait merveille. A la fin du roman, le rideau tombe et la vérité s’exhibe dans toute sa complexité. Une authentique partie d’échecs !

 

« Le Nid du coucou ». De Camilla Läckberg. Traduit du suédois par Susanne Juul et Andreas Saint-Bonnet. Actes Sud, coll. Actes noirs, 420 p.

Mireille Descombes

Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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A propos de ce blog

Scènes et mises en scène: le roman policier, l’architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d’art, d’architecture et de théâtre.

Photo: Lara Schütz

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