Polars, Polis et Cie | Le blog de Mireille Descombes

Vous appréciez les cosy mysteries ? Plongez-vous sans délai dans « Bienvenue à l’hôtel Savoy », une impertinente et plaisante trilogie cosignée par Prudence Emery et Ron Base (photos), dont le troisième volet vient de sortir aux Editions de la Martinière. Vous ignorez tout de ce sous-genre policier ? C’est l’occasion d’en découvrir les divers ingrédients, une recette ici parfaitement dosée. Avec quelques crimes certes, mais ni trop sanglants ni trop sordides et décrits sans détails macabres, avec des intrigues bien troussées à la Agatha Christie, quelques mauvais garçons au physique avantageux et une belle jeune femme, enquêtrice amateure à ses heures, aussi intrépide qu’insatiable. Le tout saupoudré d’une belle pincée d’humour et teinté d’un parfum de nostalgie : « Bienvenue à l’hôtel Savoy » se passe dans le Londres des années 60, les effervescentes et fringantes swinging sixties.

Champagne et mini-jupes

Mais revenons à notre héroïne, Pricilla Tempest, la bien-nommée. D’origine canadienne, cheveux courts et look à la Mary Quant, la jeune femme travaille comme attachée de presse au prestigieux hôtel Savoy de Londres. Ses péchés mignons ? Le champagne, les mini-jupes et les hommes séduisants. Sa principale mission ? Préserver l’institution de toute rumeur ou scandale. Une tâche qui n’est certes pas une sinécure quand on a pour patron le tyrannique et intransigeant Clive Banville, et pour clients la princesse Margaret, son volage époux Lord Snowdon, le couple explosif formé par Elizabeth Taylor et Richard Burton, un prince italien – néo-fasciste militant – impliqué dans une vaste conspiration contre le gouvernement britannique, quelques escrocs plus ou moins assagis et un premier ministre canadien célibataire, charismatique et grand amateur de conquêtes féminines. Pour venir à bout des crimes et des intrigues qui fleurissent au Savoy, Priscilla peut toutefois compter sur l’aide, pas forcément désintéressée, de Perey Hoskins, autoproclamé meilleur journaliste de l’Evening Standard et bien résolu à fouiner partout où il lui est formellement interdit de mettre le nez.

Une fiction largement nourrie par la réalité

Révélateur à bien des égards de toute une époque, témoignage haut en couleurs de ce que peuvent représenter les relations publiques d’une grande institution de luxe, « Bienvenue à l’hôtel Savoy » s’avère un authentique plaisir de lecture. Un plaisir d’autant plus grand que tout cela n’est pas que fiction. Prudence Emery, la co-autrice de la trilogie, fut elle-même attachée de presse à l’hôtel Savoy. Elle y a fréquenté de nombreux politiciens et célébrités dont Marlène Dietrich. Elle a bien connu les règles en vigueur au sein de son personnel et parcouru le bâtiment du haut en bas en empruntant parfois le majestueux ascenseur qui, situé sur le côté du hall d’entrée, « vous accueillait dans sa cabine enduite d’une somptueuse laque de Chine rouge ». Nul besoin donc pour elle d’inventer quand il s’agit de décrire l’American Bar et ses Buck’s Fizz d’anthologie, le bureau du directeur ou la chambre 705 dans laquelle, au premier volume, est retrouvé le corps sans vie d’un marchand d’armes étranger.

 

« Bienvenue à l’hôtel Savoy I. Le crime de la chambre 705 ». De Prudence Emery et Ron Base. Traduit de l’anglais par Isabelle Troin. Editions de La Martinière, 408 p.

 

 

 

 

« Bienvenue à l’hôtel Savoy II. Qui a tué Miss Kane ? ». De Prudence Emery et Ron Base. Traduit de l’anglais par Isabelle Troin. Editions de La Martinière, 400 p.

 

 

 

 

« Bienvenue à l’hôtel Savoy III. Complots à Wanderworth ». De Prudence Emery et Ron Base. Traduit de l’anglais par Isabelle Troin. Editions de La Martinière, 368 p.  

Mireille Descombes

Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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A propos de ce blog

Scènes et mises en scène: le roman policier, l’architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d’art, d’architecture et de théâtre.

Photo: Lara Schütz

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