J’adore les polars du Norvégien Jørn Lier Horst. Je les préfère toutefois écrits à deux plutôt qu’à quatre mains. Bien qu’un peu sec, privilégiant avant tout la dynamique et l’efficacité des dialogues, « Faux-semblant », son deuxième roman cosigné avec le journaliste Thomas Enger, reste fort bon. Il s’avère même par moments virtuose dans l’art de brouiller les pistes, de rebondir et de surprendre. On y retrouve les deux fins limiers apparus dans « Que le meilleur gagne », le premier épisode de cette nouvelle série: l’inspecteur Alex Blix et la jeune journaliste Emma Ramm. Deux êtres discrètement complices que relie un tragique épisode de leur passé commun.

« Faux-semblant » commence comme se terminait le roman précédent, par un compte à rebours. Un événement banal en l’occurrence, celui qui précède l’entrée dans la nouvelle année. Emma n’en est pas moins animée par un terrible pressentiment. Quittant ses proches et le réveillon, elle se rend seule sur la place de l’hôtel de ville où se déroulent les festivités. Et quand minuit arrive, sa crainte se confirme. Parallèlement au feu d’artifice, une terrible explosion survient. La bombe avait été placée dans une poubelle. Bilan: de nombreux blessés et quatre morts, dont Kasper, le compagnon d’Emma.

Appelé en urgence sur les lieux, Blix aperçoit un corps qui flotte dans l’eau du port. Sans hésiter, il plonge dans les flots glacés et ramène à terre une jeune femme inanimée, grièvement blessée. La carte bancaire retrouvée sur elle permet de l’identifier. Elle se nomme Ruth-Kristine Smeplass. Une information qui agit sur Blix comme un électrochoc. Cette femme serait donc la mère de Patricia, la fillette d’un an enlevée dans sa poussette en 2009. Elle ne fut jamais retrouvée, pas plus que son ravisseur.

Pas une minute à perdre. Alors que la police privilégie la piste terroriste, Blix rouvre le dossier, réinterroge les témoins et les proches, constatant dans la foulée que certains ont brusquement et mystérieusement disparu. Bouleversée par la perte de son compagnon, Emma elle aussi se jette à corps perdu dans l’enquête et parvient à remonter la piste des coupables dans le sillage du policier. Pour l’un comme pour l’autre, les pièces du puzzle peu à peu s’assemblent tandis que se multiplient retournements et coups de théâtre. Patricia est-elle encore en vie? Fort habilement et jusqu’à la fin du roman, les deux auteurs parviennent à nourrir le doute et à entretenir le suspense.

 

« Faux-semblant ». De Jørn Lier Horst et Thomas Enger. Traduction de Marie-Caroline Aubert. Gallimard, Série noire, 416 p.

Sur « Que le meilleur gagne », qui sort parallèlement en poche: https://polarspolisetcie.com/un-machiavelique-compte-a-rebours/

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Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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Photo: Lara Schütz

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