Polars, Polis et Cie | Le blog de Mireille Descombes

Avec « Trahison », Lilja Sigurdardóttir poursuit son riche portrait d’une société islandaise en pleines turbulences. Après les dérives de la finance, voici donc les magouilles des politiciens. Un monde très accommodant où un terroriste peut se glisser parmi les investisseurs potentiels d’une importante infrastructure routière. Une micro-société où le machisme n’a de loin pas dit son dernier mot.

Cette réalité, certains cherchent à l’oublier pour faire carrière. Ursúla Aradóttir n’appartient à cette caste-là. Revenue vivre en Islande avec son mari et ses enfants après avoir travaillé dans l’humanitaire au Liberia – dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola – et en Syrie, elle s’y sent malheureuse, « comme déconnectée », peinant à sortir de sa torpeur. Or voilà qu’on lui propose de prendre la tête du ministère de l’Intérieur pour un an, en remplacement de l’actuel ministre en arrêt maladie. Cela tombe à pic. Fidèle à ses principes, le jour où elle prend ses fonctions, elle promet à une mère de l’aider dans son combat pour faire condamner le policier qui a violé sa fille de quinze ans.

Les mises en garde d’un SDF

Et c’est alors que les ennuis commencent. Outre des injures et des menaces, Ursúla reçoit d’étranges messages qui l’accusent de pactiser avec le Diable. Ils émanent d’un sans-abri du nom de Pétur Pétursson. Or Ursúla le connaît très bien. Il a été l’ami et le compagnon de beuverie de son propre père. Avant de devenir son meurtrier. C’est du moins la version qu’on lui donna à l’époque. Une version qu’elle va mettre en doute. Au péril de sa vie.

Autour de cette ministre forte et exigeante, mais totalement débordée par la haine et les jalousies qu’elle suscite, Lilja Sigurdardóttir fait graviter toute une constellation de personnages secondaires qui lui permettent d’étoffer l’histoire, tout en multipliant les pistes et les possibles coupables. Outre des méchants particulièrement veules et de jeunes femmes attachantes et paumées, on découvre qu’il existe en Islande un Comité des prénoms chargé de valider tout nouveau prénom en s’assurant qu’il respecte les règles d’orthographe et de grammaire islandaises. Et l’on s’attache particulièrement au personnage de Gunnar, le chauffeur – et un peu garde du corps – d’Ursúla qui, au fil des jours, deviendra le complice fidèle de ses déconvenues et de ses combats.

« Trahison ». De Lilja Sigurdardóttir. Traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün. Editions Métailié, 350 p.

Mireille Descombes

Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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A propos de ce blog

Scènes et mises en scène: le roman policier, l’architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d’art, d’architecture et de théâtre.

Photo: Lara Schütz

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