Polars, Polis et Cie | Le blog de Mireille Descombes

Ancien officier de police, le Norvégien Jørn Lier Horst « écrit » en connaissance de cause et c’est fort appréciable. Tous les auteurs de polars ne peuvent en dire autant. Résultat, on le croit sur parole quand il souligne l’importance de l’interprétation sur une scène de crime, évoque la meilleure façon de construire un interrogatoire ou évoque la transformation des rapports entre le public et la police ces trente dernières années. Mais Jørn Lier Horst n’est pas qu’un homme du terrain. C’est d’abord, et surtout, un très bon écrivain comme le confirme son nouveau polar, « Le disparu de Larvik ».

Les plaisirs de l’été scandinave

Contrairement à « L’usurpateur », son précédent roman récemment sorti en poche et qui se passe à quelques jours de Noël par un froid glacial, « Le disparu de Larvik » nous fait partager les plaisirs de l’été scandinave. On y dîne au jardin ou en terrasse, on se plaint de la chaleur, mais pas trop, avant de se rabattre sur un verre de Farris – l’eau minérale locale – agrémentée de glaçons. Et bien sûr, on retrouve avec bonheur le sagace et patient inspecteur Willliam Wisting, ainsi que sa fille Line sur le point d’accoucher.

Quand il n’aide pas la jeune femme à retaper la maison qu’elle vient d’acheter dans la petite ville côtière de Larvik, le policier gamberge sur une affaire non résolue qui le hante: la disparition, il y a six mois, de Jens Hummel, un chauffeur de taxi qui semble s’être volatilisé avec sa voiture. Alors que plus personne n’y croit, une piste soudain se dessine. L’automobile est retrouvée dans une grange, puis le corps du conducteur sous un tas de fumier. Divers indices conduisent à Frank Mandt, un personnage plus que douteux qui a développé durant des années divers trafics à grande échelle – d’abord l’alcool de contrebande, puis la drogue – sans jamais être inquiété.

Les secrets du coffre-fort

Quelques jours après la disparition de Jens Hummel, Mandt s’est tué en tombant dans son escalier. Sa petite-fille, et unique héritière, habite désormais la maison avec son enfant d’un an. Rapidement, elle se lie d’amitié avec sa voisine… qui n’est autre que la fille de l’inspecteur Wisting. Les deux jeunes femmes vont découvrir dans le coffre-fort du vieil homme de quoi relancer l’enquête et remettre en question les conclusions d’une autre affaire criminelle baptisée « Le meurtre du Nouvel An ».

Avec Jørn Lier Horst, le lecteur n’est jamais au bout de ses surprises. Et cela, miraculeusement, de manière très naturelle, presque organique. Entre deux révélations, l’écrivain prend en outre le temps de nous faire visiter la ville et la région. Clair, sobre, mais ne dédaignant pas une touche de poésie ici ou là, il se révèle un excellent guide qui parvient, en quelques phrases éclairée par une image juste, à faire surgir tout un paysage ou l’atmosphère particulière d’un bâtiment abandonné à la poussière et au vent.

 

« Le disparu de Larvik ». De Jørn Lier Horst. Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier. Gallimard Série noire, 470 p.

A lire également: « L’usurpateur ». De Jørn Lier Horst. Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier. Folio policier, 446 p.

 

Mireille Descombes

Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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A propos de ce blog

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Photo: Lara Schütz

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