1981. Alice, six ans, disparaît au Caire. Hurlant son nom dans le souk hostile et indifférent, sa mère Liz Markham, une junkie anglaise de bonne famille, la cherchera en vain. La fillette semble s’être évaporée. La mère éplorée finira par rentrer chez elle.
1998. Comme elle le fait régulièrement, Liz est revenue sur les lieux de la tragédie. C’est alors qu’elle croise la route d’un singulier détective privé. Dans son ancienne vie, Makana a été policier, inspecteur même. Il a fui le Soudan où il était menacé de mort par le nouveau régime. Il vit désormais au Caire sur une awama, « une fragile construction en contreplaqué clouée n’importe comment sur un ponton flottant rongé par la rouille ». Mandaté par un milliardaire issu de la pègre, Saad Hanafi, Makana est lui aussi sur les traces d’un disparu: le footballeur Adil Romario, star de la DreemTeem (sic). Les deux histoires ont-elles un lien, se demande alors le lecteur? Il n’a pas tort. Mais nous n’en dirons guère plus.
Avec son roman « Les écailles d’or », Parker Bilal fait entrer le Caire dans le cercle de plus en plus grand des villes polarisées. Une aubaine pour tous ceux qui aiment l’Egypte, ses parfums, ses bruits, ses magouilles, sa grandeur. Parker Bilal – pseudonyme de l’écrivain Jamal Mahjoub – en parle fort bien, et pour cause. Né à Londres d’une mère anglaise et d’un père soudanais, il a grandi à Khartoum et étudié la géologie à l’université de Sheffield. Il a ensuite vécu au Caire et au Danemark avant de s’établir à Barcelone. Il écrit en anglais.
Paru en 2012, « Les écailles d’or » est son premier polar. Il en a publié deux autres, un troisième sort en février. Vivement qu’ils soient traduits que l’on puisse retrouver l’attachant Makana, son humour teinté de dérision, ses appétissants repas au restaurant d’Ali Aswani et sa pittoresque logeuse Oum Ali.
« Les Ecailles d’or ». De Parker Bilal. Traduit de l’anglais par Gérard de Chergé. Seuil Policiers, 420 p.