Ce livre est une suite. Il s’agit du deuxième volet d’une trilogie consacrée à la guerre du Liban par le Français Frédéric Paulin. L’auteur ne s’y embarrasse ni de résumé, ni de flash-back. Il est donc préférable d’avoir lu le premier tome (« Nul ennemi comme un frère ») avant d’aborder « Rares ceux qui échappèrent à la guerre ». Un « effort » largement récompensé! Mêlant habilement faits historiques et fiction, ce roman noir esquisse par petites touches précises et subtiles une réalité infiniment complexe et mouvante manipulée, et souvent tronquée, par les intérêts divergents des différentes parties en présence, communautés chrétienne, druze, chiite et sunnite notamment.
« Rares ceux qui échappèrent à la guerre » démarre en octobre 1983. En plein drame. Un attentat, à Beyrouth, vient de faire une soixantaine de victimes françaises. Des parachutistes. La France se doit de réagir. Un ping-pong tragique alors s’engage. La guerre s’invite brutalement dans les consciences jusqu’en métropole. Aux attentats, succèdent les enlèvements, dont celui du journaliste Jean-Paul Kauffmann. S’y ajoutent, en France même, les assassinats et les interventions violentes revendiquées par le groupe terroriste Action directe. Et le roman s’achève, le 17 septembre 1986, avec une attaque meurtrière. Une bombe, placée dans une poubelle, explose rue de Rennes, juste devant le magasin Tati.
« Rares ceux qui échappèrent à la guerre » est minutieusement documenté. Mais son récit se nourrit aussi de fiction. On y retrouve plusieurs personnages du précédent roman, dont le commandant Christian Dixneuf de la DGSE, un homme aussi lucide qu’intrépide. Entré en disgrâce et renvoyé en France, il finit par démissionner, mais n’abandonne pas la lutte. Son statut d’agent secret permet à l’auteur, Frédéric Paulin, de faire bénéficier son lecteur d’informations privilégiées dont bien peu disposaient dans les années 1980. Désabusé, Dixneuf se désespère toutefois face à cette guerre qui n’en finit pas et semble se reproduire elle-même, « comme si les militaires et les miliciens avaient des intérêts à la perpétuation du conflit ».
« Rares ceux qui échappèrent à la guerre (1983-1986) ». De Frédéric Paulin. Agullo Editions, coll. Agullo Noir, 416 p. « Que s’obscurcissent le soleil et la lumière », le troisième volume de la trilogie, sortira le 11 septembre 2025.
Sur « Nul ennemi comme un frère », le premier volet sur la guerre du Liban, lire: https://polarspolisetcie.com/1975-le-liban-basculait-dans-lhorreur/