- décembre 4, 2023
- Aucun commentaire
- Europe, Polars
« Le salon du prêt-à-saigner » de Joseph Bialot n’est pas sans défauts. Son auteur se laisse parfois séduire par des jeux de mots faciles tout en affichant un goût quelque peu immodéré pour les énumérations et les listes. Ce roman nerveux et plein d’humour n’en reste pas moins une pépite au royaume du polar français. Paru en 1978, fraîchement réédité à la Série noire avec une préface de l’écrivain Tonino Benacquista, il nous plonge avec un talent fou et une énergie contagieuse dans le souk haut en couleurs du quartier du Sentier, « un quartier de Paris tout entier consacré au prêt-à-porter », précise l’auteur, et « l’un des derniers villages vivants » de la capitale.
C’est dans cet environnement pittoresque, laborieux, cosmopolite, parmi les boutiques et les chiffons, entre les prostituées et les « aubergines » zêlées, que sévit un tueur aussi cruel qu’insaisissable. Très vite, le lecteur connaît son identité, il partage même son intimité. Le commissaire Faidherbe, qui arbore « la dégaine d’un personnage de Brétecher », et son collègue Brancion sont moins « chanceux ». Ils font ce qu’ils peuvent, avec les moyens qu’ils ont, et un certain fatalisme. Une errance qui permet à l’auteur de déployer tout son talent de portraitiste de la ville, des gens et des choses. Avec au menu, notamment, quelques courses poursuites d’anthologie.
A l’image de son roman, la vie de Joseph Bialot – né Joseph Bialobroda en 1923 à Varsovie – a été pleine de rebondissements et de drames. Enfant, il s’installe dans le quartier de Belleville à Paris avec sa famille d’origine juive. Dix ans plus tard, fuyant les Allemands, il se réfugie à Bordeaux, Pau puis dans la région lyonnaise où il exerce divers métiers avant d’entrer dans la résistance. Arrêté en juillet 1944, il est envoyé à Auschwitz. Il sera libéré en janvier 1945 par l’Armée rouge. De retour à Paris, il rejoint l’entreprise de prêt-à-porter de ses parents, et passe une licence de psychologie.
Le traumatisme d’un rescapé des camps
Chez Bialot, l’écriture intervient donc sur le tard. Il a déjà 55 ans quand paraît son premier roman, « Le salon du prêt-à-saigner ». Suivront une trentaine d’autres ouvrages, des romans policiers et historiques, ainsi qu’un récit-témoignage, « C’est en hiver que les jours rallongent », publié en 2002, dix ans avant sa mort. L’écrivain y évoque le traumatisme laissé par l’expérience concentrationnaire. Il avait déclaré à ce propos : « Il m’aura fallu plus de vingt-cinq ans et une psychanalyse pour réussir à sortir du camp ».
Pas étonnant donc si, dans « Le salon du prêt-à-saigner », le méchant se révèle vraiment méchant, voire monstrueux. Face à ce tueur qui coupe dans les chairs comme un tailleur dans ses tissus, l’écrivain déploie tout l’éventail des stratégies qu’il a lui-même développées pour contrer le fantôme de l’horreur : une allégeance sans partage aux charmes de la langue et à la toute-puissance de l’imaginaire. Sans oublier bien sûr l’humour, un humour juif parfois, souvent, teinté d’humour noir.
« Le salon du prêt-à-saigner ». De Joseph Bialot. Préface inédite de Tonino Benacquista. Gallimard, Série noire, 240 p.
« Le salon du prêt-à-saigner » de Joseph Bialot n’est pas sans défauts. Son auteur se laisse parfois séduire par des jeux de mots faciles tout en affichant un goût quelque peu immodéré pour les énumérations et les listes. Ce roman nerveux et plein d’humour n’en reste pas moins une pépite au royaume du polar français. Paru […]
- novembre 28, 2023
- Aucun commentaire
- Europe, Polars
Si, malgré tous les éloges des spécialistes, vous n’avez jamais adhéré aux polars de l’Américain Raymond Chandler (1888-1959), ce n’est peut-être pas faute d’affinité avec l’auteur. Ce pourrait être dû aux traductions elles-mêmes, des traductions françaises parfois fautives, et surtout passablement iconoclastes aux yeux d’un lecteur du XXIe siècle. Il fut une époque en effet – celle de l’âge d’or de la célèbre collection Série noire fondée en 1945 par Marcel Duhamel chez Gallimard – où l’on coupait sans vergogne dans les textes originaux pour les retailler à l’aune des besoins de l’éditeur et surtout d’une vision largement fantasmée de l’Amérique du Nord et du polar américain. Au diable la psychologie, l’introspection et la réflexion ! Seuls importaient la violence, l’humour et l’argot.
Tout cela, heureusement, c’est du passé. Après d’autres de ses polars, deux romans phares de Chandler, « Le grand sommeil » (1939) et « La dame dans le lac » (1943), viennent aujourd’hui d’être retraduits dans la Série noire. Et leur redécouverte est un régal de lecture. Non seulement l’intrigue tient parfaitement la route, mais le style et le rythme de Chandler n’ont rien perdu de leur acide tonicité.
Femmes irrésistibles et déjantées
Articulés autour du personnage de Philip Marlowe – le privé le plus connu du roman noir magnifiquement incarné à l’écran par Humphrey Bogart – ces deux enquêtes pleines de rebondissements et de morts en cascade défient toute tentative de résumé. Tel n’est d’ailleurs pas notre propos. Mettant en scène des femmes fantasques, souvent irrésistibles et parfois totalement déjantées, ces deux romans naviguent avec aisance entre les classes, confrontant grands bourgeois et petites frappes, flics en tous genres et riches héritières. En outre, au fil des pages, l’un et l’autre roman nous offrent un saisissant et passionnant portrait de Los Angeles, la Los Angeles encore presque provinciale des années 1940.
Chandler séduit aussi par la vivacité de ses dialogues, ses habiles ruptures de style et la finesse aiguisée de ses descriptions. Ignorant les clichés qui collent aujourd’hui à tant de romans noirs, il parvient en quelques mots à faire surgir un personnage ou à cristalliser l’atmosphère et l’odeur d’un lieu. Dans « Le grand sommeil », il prend même le temps de décrire longuement un parquet « composé d’une douzaine d’essences de bois durs ». Enfin, n’oublions pas le rôle essentiel, quasi moteur, confié à l’ironie et à l’humour. Un humour percutant, pince sans rire, jamais graveleux ou méchant. « J’aime boire mais pas quand les gens se servent de moi comme d’un journal intime », déclare ainsi Philip Marlowe dans « La dame dans le lac ». Et dans « Le grand sommeil », il précise : « Aucune des deux personnes dans la pièce n’avait prêté la moindre attention à la manière dont j’étais entré, même si l’une d’elles seulement était morte. »
« Le grand sommeil ». De Raymond Chandler. Nouvelle traduction de l’anglais et préface inédite de Benoît Tadié. Gallimard, Série noire, 304 p.
« La dame dans le lac ». De Raymond Chandler. Nouvelle traduction de l’anglais et préface inédite de Nicolas Richard. Gallimard, Série noire, 334 p.
Si, malgré tous les éloges des spécialistes, vous n’avez jamais adhéré aux polars de l’Américain Raymond Chandler (1888-1959), ce n’est peut-être pas faute d’affinité avec l’auteur. Ce pourrait être dû aux traductions elles-mêmes, des traductions françaises parfois fautives, et surtout passablement iconoclastes aux yeux d’un lecteur du XXIe siècle. Il fut une époque en effet […]
- novembre 14, 2023
- Aucun commentaire
- Europe, Polars
Dix ans après « Le cadeau de Noël », l’écrivain romand Daniel Abimi revient, toujours chez l’éditeur Bernard Campiche, avec un troisième polar plutôt costaud. Ceux qui s’attendaient à une rupture ou un nouveau départ seront un peu déçus. « La saison des mouches », bien que plus étoffé, s’inscrit dans le prolongement des deux romans précédents, concluant avec cohérence ce qu’on peut appeler une « trilogie lausannoise ». Au programme de ce récit parfois labyrinthique : un puissant réseau de pédophiles protégé en haut lieu, de véritables « djihadistes » de la Bible et des nostalgiques du nazisme bien résolus à rétablir un nouvel ordre mondial taillé à l’aune de leurs délires.
Face à eux, deux enquêteurs déjà présents dans les romans précédents, deux hommes passablement cabossés par la vie et de plus en plus désabusés, le journaliste Michel Rode et le policier Serge Mariani. Le premier a arrêté de boire. Il tient le coup en assistant régulièrement aux séances des Alcooliques anonymes. Le second, toujours handicapé par de terribles migraines, éprouve de plus en plus de peine à croire à son métier. Or voilà qu’une effroyable tuerie se produit dans un cinéma porno bien connu des Lausannois. Beaucoup de blessés et une dizaine de morts, dont l’auteur du massacre.
Dans les coulisses d’un quotidien
Envoyé sur le front par leurs chefs respectifs, Serge Mariani et Michel Rode tentent d’y voir plus clair dans cet acte dément dont les photos et les vidéos se retrouvent aussitôt sur les réseaux sociaux. Ils patinent, ils doutent, ils tâtonnent et ce qui leur reste d’énergie s’enlise dans d’interminables réunion de travail. On se souvient à ce propos que Daniel Abimi, né en 1965 à Lausanne, a exercé, entre autres métiers, celui de journaliste. De quoi permettre au lecteur de pénétrer discrètement dans les coulisses d’un fameux quotidien de la place pour assister à des séances de rédaction assez édifiantes. Et même à une terrifiante opération de licenciement collectif par mail interposé.
« Strictement rien dans ce récit n’est vrai, ou si peu », nous prévient Daniel Abimi, qui déteste par ailleurs les romans à clés. Vous l’avez compris, inutile de chercher qui se cache derrière la très riche Marie-Anne Barbier, le juge Marc-Aurèle Sandoz, le pervers Georges Amaudruz ou le lâche et très odieux rédacteur en chef Jean-Paul Chevalier. La ville de Lausanne, en revanche, se livre au lecteur sans masque ni détour avec ses beautés cachées et ses laideurs tristes. Qu’il s’agisse de l’évocation de la rue de l’Ale, de la façade singulière du cinéma Moderne ou de l’arrêt de train Fleur de Lys, situé en face de l’hôpital psychiatrique de Cery, « un de ces endroits qui n’était rien, ni ville ni campagne », là tout est vrai. Et décrit avec cette empathie particulière liée aux souvenirs et au vécu.
« La saison des mouches ». De Daniel Abimi. Bernard Campiche Editeur, 456 p.
Dix ans après « Le cadeau de Noël », l’écrivain romand Daniel Abimi revient, toujours chez l’éditeur Bernard Campiche, avec un troisième polar plutôt costaud. Ceux qui s’attendaient à une rupture ou un nouveau départ seront un peu déçus. « La saison des mouches », bien que plus étoffé, s’inscrit dans le prolongement des deux romans précédents, concluant avec […]
- octobre 24, 2023
- Aucun commentaire
- Europe, Polars
Manipulation, abus de confiance, fraude massive et tueur sans état d’âme : l’atmosphère de ces « Datas sanglantes » s’annonce tendue et l’avenir en péril. Avec le deuxième volet de sa « Trilogie du dark net », l’excellent auteur de polars polonais Jakub Szamałek poursuit avec panache sur sa lancée. Plein d’humour, de finesse…et de pédagogie – ce qui n’est pas à dédaigner quand l’on s’aventure dans les méandres de l’informatique et de la cybercriminalité – il nous fait ici le portrait d’une société occidentale en péril, instrumentalisé à son insu, voire littéralement piratée, par les mafieux d’internet. Rassurez-vous, ces terrifiants marionnettistes de l’ombre auront affaire à forte partie. En l’occurrence, la perspicace, intrépide et tenace journaliste Julita Wójcicka, fidèlement épaulée par quelques brillants hackers.
« Datas sanglantes » démarre à Mińsk Mazowiecki, en novembre 2018, avec l’évocation ironique d’un feu de circulation bloqué au rouge pour les piétons. Une scène urbaine un brin absurde comme les affectionne l’auteur et qui lui permet de nous offrir une piquante description de cette cité qui ressemble à « l’un de ces photomontages censés comparer une image de la ville ancienne avec ce qu’elle était devenue aujourd’hui, un cliché coupé en deux ».
Une révélation explosive
Sans transition, le roman passe ensuite à l’assassinat brutal de Hanna Barańska, une camgirl étranglée en direct pendant son travail – qui consiste à exposer son corps sur internet de manière sexuellement explicite par le biais d’une webcam. Cagoulé, le meurtrier, un pro visiblement, n’est pas retrouvé. L’affaire est enterrée. En juillet 2020, toutefois, Julita Wójcicka visionne cette vidéo dans le cadre d’une enquête plus vaste. Elle se prend au jeu, découvre qu’un client-ami de la camgirl – un informaticien de haut vol – a lui aussi perdu la vie dans des circonstances douteuses. En retissant habilement les fils ténus dont elle dispose, elle va finir par découvrir, au péril de sa vie, que ce spécialiste allait faire une révélation explosive concernant les élections en ligne dans le cadre de la plus grande convention de hackers au monde.
Depuis « Tu sais qui », premier tome de la « Trilogie du dark net », Julita Wójcicka a pris du galon et acquis un époustouflant savoir-faire dans l’art d’enquêter tout en déjouant les pièges de ses adversaires. Le lecteur en profite pour prendre quelques leçons tout en s’invitant, à travers d’autres personnages, dans la campagne d’un politicien prêt à tout pour gagner des voix. Il partage également le quotidien des modérateurs de contenu de « l’un des réseaux sociaux les plus importants de la planète ». Epuisante, leur tâche se révèle totalement déprimante vu l’horreur des propos et des scènes qui circulent en ligne.
« Ceci non plus n’est pas un roman de science-fiction. Malheureusement », nous avait prévenus l’auteur dans l’avant-propos. On préférerait ne pas le croire sur parole.
« Datas sanglantes ». De Jakub Szamałek. Traduit du polonais par Kamil Barbarski. Métailié, 448 p.
Manipulation, abus de confiance, fraude massive et tueur sans état d’âme : l’atmosphère de ces « Datas sanglantes » s’annonce tendue et l’avenir en péril. Avec le deuxième volet de sa « Trilogie du dark net », l’excellent auteur de polars polonais Jakub Szamałek poursuit avec panache sur sa lancée. Plein d’humour, de finesse…et de pédagogie – ce qui n’est pas […]
- septembre 14, 2023
- Aucun commentaire
- Europe, Polars
Le 8 août 1956 est synonyme de deuil dans l’histoire du charbonnage belge. Ce jour-là, un terrible incendie se déclare au fond de la mine du Bois du Cazier, à Marcinelle, près de Charleroi. Deux cent soixante-deux mineurs y trouvent la mort, dont plus de la moitié sont Italiens. Le site, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2012, comporte aujourd’hui un mémorial qui leur rend hommage.
Ce tragique événement sert de point de départ au dernier roman noir de Paul Colize, « Devant Dieu et les hommes ». L’auteur, né en 1953 à Bruxelles d’un père belge et d’une mère polonaise, imagine deux rescapés d’origine italienne qui, deux ans après le drame, se retrouvent au tribunal. Ils sont accusés d’avoir profité de la catastrophe pour éliminer un de leurs supérieurs particulièrement odieux.
Dans la salle où se tient le procès a pris place Katarzyna Leszczynska, une jeune journaliste au Soir. Elle n’a connu jusque-là que le carnet mondain ou les chroniques sur le hula-hoop. C’est une époque où les femmes rédactrices sont encore fort rares dans les journaux et le plus souvent cantonnées à des billets d’humeur ou des thématiques légères. A sa grande surprise, et pour des raisons restées obscures, le rédacteur en chef du Soir la charge de couvrir le procès. C’est à travers ses yeux que l’on va découvrir les différents protagonistes de l’histoire et suivre le fil des événements.
Habile, bien écrit, bien conçu, « Devant Dieu et les hommes » ajoute au plaisir de la lecture une astuce qui pimente le suspense. De façon fort élégante, le roman superpose une énigme policière au procès. Katarzyna ne se contente pas d’enregistrer les débats. Ne croyant pas à la culpabilité des accusés, elle part à la recherche de nouveaux témoignages qui pourraient infléchir la décision du jury et enrayer la marche implacable d’une justice par trop partielle. L’occasion aussi, pour elle, de régler ses comptes avec les blessures enfouies de son propre passé.
« Devant Dieu et les hommes ». De Paul Colize. Editions Hervé Chopin, 316 p.
Le 8 août 1956 est synonyme de deuil dans l’histoire du charbonnage belge. Ce jour-là, un terrible incendie se déclare au fond de la mine du Bois du Cazier, à Marcinelle, près de Charleroi. Deux cent soixante-deux mineurs y trouvent la mort, dont plus de la moitié sont Italiens. Le site, inscrit au patrimoine mondial […]
- juillet 19, 2023
- Aucun commentaire
- Europe, Polars
Au départ, un deuil. Intolérable, insurmontable. Celui d’un père assassiné par la mafia dans une grande ville sicilienne. « Une seule balle l’a transpercé de part en part comme une broche », se souvient sa fille Teresa, 24 ans à l’époque. Il était pâtissier, il savait mieux que quiconque choisir la ricotta de brebis pour les cannoli avant de leur ajouter quelques éclats de chocolat ou de pistache de Bronte. On l’a exécuté parce qu’il avait refusé de se soumettre au racket et de payer le pizzo. Pire, il avait dénoncé ces scassapagghiari, ces voleurs de poule, venus lui soutirer de l’argent.
Ses études terminées, Teresa quitte la Sicile pour Rome. Une manière de passer à autre chose, du moins d’essayer. Après avoir travaillé gratuitement comme enseignante, elle trouve, grâce à une amie, un emploi d’assistante de vie. Il consiste à rendre visite à des malades au stade terminal, à les questionner, leur parler, à surtout les écouter. Dans ce cadre, elle développe une étrange relation avec un patient peu ordinaire, Libero Ferrari, un ancien brigadiste libéré pour raisons de santé. L’homme, semble-t-il, a tué. Il a conservé chez lui un pistolet, un Nagant fabriqué à Prague. La confrontation avec ce quinquagénaire un brin irascible réveille chez Teresa un désir de vengeance porté par une urgence insoupçonnée.
Comme son personnage, l’écrivain Claudio Fava – né en 1957 à Catane – a vu son père assassiné par la mafia. Egalement journaliste et homme politique, il a placé la dénonciation du crime organisé au cœur de son engagement. A-t-il lui aussi rêvé de tuer le bourreau de sa famille ? On l’ignore. Une chose est sûre, en revanche, son livre est absolument magnifique, émouvant mais sans pathos, ciselé comme un joyau minimaliste. Les gens, les choses et jusqu’au moindre geste y sont décrits avec une infinie justesse et une sidérante fraîcheur. « La vengeance de Teresa » tient du conte et de la parabole contemporaine. Il fait partie des livres à ne pas manquer.
« La vengeance de Teresa ». De Claudio Fava. Traduit de l’italien par Eugenia Fano. Métailié Noir, 160 p.
Au départ, un deuil. Intolérable, insurmontable. Celui d’un père assassiné par la mafia dans une grande ville sicilienne. « Une seule balle l’a transpercé de part en part comme une broche », se souvient sa fille Teresa, 24 ans à l’époque. Il était pâtissier, il savait mieux que quiconque choisir la ricotta de brebis pour les […]
A propos de ce blog

Scènes et mises en scène: le roman policier, l’architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d’art, d’architecture et de théâtre.
Photo: Lara Schütz